9.7.08

Lionel Bénard

Jeune papa, la trentaine, auteur depuis dans une douzaine d'année, mais avec des textes publiés depuis peu.
Président d'une association littéraire, Catharsis, depuis un peu moins encore.
Et arrivé toute récente dans Rue St Ambroise.




8.7.08

Iris Baty

J’ai bien failli me la faire ôter. J’ai depuis toujours cette excroissance dans mon cuir chevelu qui sous les doigts me répugne. Qui chez le coiffeur se prend sans cesse dans le peigne.

J’avais peur de cette protubérance. J’en avais honte. A chaque fois que S. me passait la main dans les cheveux, je m’immobilisais, j’attendais qu’il ait fini son inspection et passe à une autre partie de mon corps.

Un jour, la main s’arrêta inquiète, les doigts commencèrent à palper cette partie de mon anatomie. Je devinais la cause de leur tâtonnement interrogatif. La voix accompagna le geste. « Qu’est-ce que c’est ? » Je répondis, mal assurée : « Je ne sais pas… » S. éclata de rire : « Mais c’est ton cerveau ! » Je devins cramoisie. S. continua d’un ton docte : « Tu sais après Hiroshima… » Ca y est, on touchait le fond. « Eh bien certains enfants dont les parents avaient été irradiés ont eu leur cerveau qui se développait à l’extérieur de leur crâne. J’ai vu des photos. Ca me fait penser à ça ton truc. » Sur le moment, j’ai trouvé cette plaisanterie de mauvais goût.

Je fus totalement rassurée sur les sentiments de S. lorsqu’il m’avoua : « Tu sais que je suis tombé amoureux de toi le jour où j’ai touché ton cerveau. » Depuis, lorsqu’il a la main dans mes cheveux, je lui demande s’il peut me le caresser. Et comme il tâtonne, je rouspète : « Oh, ne fais pas semblant de ne pas le trouver ! » Il s’exclame taquin : « Il est tellement petit ! »

Quel hasard que ce morceau de moi plaise à quelqu’un ! Qu’il ait un sens. Une raison d’être. Une place. Maintenant, pour rien au monde je ne le ferais ôter.

Julien Thèves

aime la mer / les voyages / le garçon de Tenerife / la pluie à Paris / MacBook Pro / le théâtre et la radio...

7.7.08

Dominique Raze

Je ne suis qu'une éternueuse de mots... D'abord un infime picotement. Une pause. Puis une montée, inqualifiable, irrépressible, et je les expulse tout autant qu'ils sortent de moi.
Assurément, je préférerais dire que je les pleure. Je mentirais, mais ça serait bien plus joli. Bien plus pratique aussi.
Parce que les pleurs, ça peut s'arracher, se provoquer ; tandis que les éternuements ne sont pas si fréquents.
Parce que les pleurs, ça peut se retenir, se ravaler ; tandis qu'un éternuement, ça sort n'importe quand, n'importe où. Au milieu d'un dîner, d'un lit, d'une "rue". Encore que dans ce dernier cas, je crois n'être pas si mal tombée...