19.2.06

max marcuzzi

Je débouchai dans une large clairière en plateau jusqu’à l’à-pic d’un ravin. Il y avait des vêtements épars dans l’herbe. Des miliciens m’ordonnèrent de me déshabiller. Comme j’hésitai, un homme qui me ressemblait comme un jumeau s’approcha et me frappa, tandis que deux autres tout pareils arrachaient mes vêtements sans que je sache s’ils riaient ou criaient de rage. Puis on me poussa au bord du ravin. Tout en marchant le plus doucement possible sous les bourrades, je vis sur ma gauche le mitrailleur, assis à une quinzaine de mètres de moi sur un petit tabouret pliant, derrière la mitrailleuse montée sur un court trépied, pointée vers le ravin. Il fumait placidement en me regardant avancer du coin de l’oeil, et je fus pris d’un bref vertige, comme lorsqu’on ne sait plus de deux train lequel est immobile, lequel en mouvement. Il ressemblait aux trois autres, et à moi-même à un point confondant. Quand j’arrivai au bord du ravin, je penchai la tête en avant, et, découvrant l’immense histoire qui m’avait précédée, me demandai, désemparé, « et maintenant, quelle histoire vas-tu donc raconter, Max ? »



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