1.3.06

Naïri Nahapétian et ses personnages

Je vais plutôt vous parler de mes personnages, parce que c’est finalement pour eux (à cause d’eux ?) que j’écris, et qu’une fois qu’ils existent, cela devient très difficile de les abandonner au milieu d’une histoire, alors qu’ils sont là à attendre, en trépignant dans ma tête. Difficile de les laisser tomber pour une activité qui n’impliquerait que du plaisir et aucune souffrance, comme marcher dans Paris par exemple, ou pour quelque chose d’utile, comme écrire un article. Ils ont l’air sympa, mes personnages, comme ça, à première vue. Ils ont l’air un peu naïfs et ne comprennent pas toujours ce qui leur arrive. Ils sont souvent un peu trop polis, comme ces vieilles personnes précautionneuses qui prennent toujours des milliards de pincettes afin d’éviter de heurter autrui avec des mots qui seraient trop directs. Ils sont un peu Iraniens, en fait si vous voyez ce que je veux dire. Mais ils ne le sont qu’à moitié, à un tiers même, je dirai, et souvent ils dérapent, se retrouvent embarqués dans des discussions sans fins, des situations qui n’ont rien à voir. Oui, ils ont l’air sympa et inoffensifs comme ça, ils basculent, hop ! Va savoir où ? Mais ils sont totalement tyranniques en fait. Car ils restent là, à attendre, en trépignant dans ma tête, pour que je vienne les chercher, alors que je pourrais faire tant de choses qui n’impliqueraient que du plaisir et aucune souffrance ou qui seraient utiles.