14.6.09

Vivian Lofiego


Vivian Lofiego est née en Argentine, à Buenos Aires où elle a passé son enfance dans le quartier de Palermo, celui-là même où vécut Borges. Après des études de théâtre et de sciences sociales à Buenos Aires, elle arrive à Paris en 1990. Elle travaille alors au théâtre de l’Odéon avec Lluis Pasqual. Auteur de plusieurs livres d’artiste, de nouvelles (finaliste du prix Julio Cortazar de la nouvelle 2006), de pièces de théâtre, Vivian Lofiego est également metteur en scène, et traductrice en espagnol de Bernard Noël, Silvia Baron Supervielle et André Velter. Son dernier ouvrage, Pierre d’infini (Atelier des Brisants, 2005) rassemble trois recueils de poésies traduits par Claude Couffon et Claude Bleton. L’Arbre d’Ariel est paru en 1999 chez Indigo, Obsidiennes de la nuit chez Caractères en 1997.

5.6.09

Derek Munn


Depuis que je me souviens, les mots travaillent sur moi. Dans une seule langue d'abord, puis, soit elle a jeté l'éponge ne me trouvant pas d'une bonne matière, soit sentant qu'une autre approche était nécessaire pour aboutir à un résultat qui vaille, elle a fait appel à une deuxième. La première langue s'efface tout en restant présente. Laquelle contrôle réellement l'opération, je n'en sais rien. Et récemment, une troisième a rejoint les autres, pour l'instant dans un rôle mineur, quelques mots par-ci par-là, sans donner une indication claire de son projet. Je ne sais pas si elles me trouvent assez malléable, mais moi, je commence à me sentir plus agile, plus souple et il me semble que c'est grâce à ce travail d'équipe. Avec la seule première langue j'avais des traits simples, plutôt grossiers. La deuxième a apporté des nuances, elle a réduit quelques épaisseurs. Je suis certain que s'il y avait suffisamment de temps et si assez de langues se mettaient ensemble, elles feraient de moi une œuvre prodigieuse.

30.5.09

Danielle Lambert

Photo Laurent Lambert
I
Enfance en Lorraine, entourée de ces corps d'acier qui deviendraient corps instables puis démesurément absents.
Contributions (BD, critiques, poésies) au fanzine Le Lorgnon.
Arrivée à Paris, parutions dans Le Mensuel Littéraire et Poétique, la revue de poésie Petite créée par Florence Pazzottu, Christiane Veschambre et feu l'ami Thierry Trani, Les Moments Littéraires, Contre-Allées, Décharge, La Maison Bleue, Comme en Poésie. En 2003, poèmes et proses rassemblés dans le recueil "Charité Désordonnée" aux Editions Nomad's Land qui met la clef sous la porte.
L'écriture glisse de la poésie vers la prose, poétique peut-être, brève certainement, jusque dans les pages de la revue Rue Saint Ambroise.

II
Dans cette photo, toute la matrice de l'enfance, l'humus de l'écrit. Lorraine qui ferraille avec son passé, odeurs de rouille et de terre mouillée, géants déchus qui pourtant veillaient jour et nuit. Un jour, la neige sur les hauts fourneaux. Vécue comme une ascèse, la langue a recherché l'absence à travers l'impalpable, la vérité à travers la densité.

III
Comme un frère qui cherche à vivre au plus près la destruction du haut fourneau de notre enfance, l'écriture ferraille, creuse, aiguise, dans la rage lente de la recherche du mot juste, qu'elle débusque parfois. Beaucoup de recherches poétiques, quelques parutions. Puis l'écriture s'allonge, reprend son souffle, se fait prose. Tiraillée par son passé, une terre rouillée et rayée de la carte reste un appel, le fragment d'une absence essentielle qui fait corps dans l'écrit.

Fabienne Lambard


Il est fort. Je suis frêle.
Il est laid. Je suis belle.
C’est une légende. J’adore les histoires.
C’est une brute. Pas moi.
Il se bat. Mon stylo s’agite.
Il est en colère. Je suis en colère.
Il cogne. Moi aussi.
C’est Lino Ventura. Et moi, Fabienne Lambard.
Réalité rebelle. Grr ! Je grogne.

Marianne Brunschwig


Devant un mur de chistera.
Ah l'équilibre!... Je n'en ai aucun. J'ai les pieds grands et plats et je tombe beaucoup. Je me relève et je retombe. Un rythme.
Je ne peux me passer d'écrire : les lignes m'autorisent à m'accrocher, à m'envoler, à retomber. Sans m'écraser.
La nouvelle, pas plus long, c'est un saut. C'est un risque. Ca fait peur. J'aime cette peur.

Chris Simon


Elle n'avait mis qu'une jambe à échaper et il en fallait deux pour s'échapper vraiment. Le mot amputé ; elle ne pouvait plus doubler la lettre ou mettre une jambe devant l'autre et avancer. Elle vacillait, faisait un interminable sur place. Putain d'histoires de jambes qui se pointaient parfois deux par deux et sans prévenir !
Elle tombait sur escapade, se relevait.
Escapade n’avait qu’une jambe, c'était une échappatoire de courte durée qu'on pouvait faire à cloche-pied, pour une heure, pour le fun... elle s'escapaderait donc!