24.11.08

Françoise Cohen


L'homme que j'aime a pris cette photo dans un lieu de rêve aux Baléares. J'y allais en vacances avec mes parents, lorsque j'étais enfant (il y a… assez longtemps).

- Mis à part les souvenirs et les pèlerinages nostalgiques, avez-vous autre chose à déclarer ?

- "L'important, c'est la rose…" L'important, c'est la joie de vivre, mes filles, l'amour et l'amitié, les livres, la musique, l'Art… et tout le reste est littérature.


Cendrine Dumatin


Photo 37 : exemple d’écrivaine en période d’incubation. Le stylo est dissimulé mais à portée de main, pour le cas où. L’écriture d’une nouvelle bien calibrée, répondant aux normes européennes drastiques d’aujourd’hui, comportant ainsi un nombre suffisant de propositions subordonnées et respectant la concordance des temps, distillant un humour corrosif, imprégné d’une émotion non feinte et donc communicative, visant à atteindre le plus grand nombre de nos concitoyens, de toutes générations et conditions sociales, ouverte aux deux sexes par les thématiques abordées, demande, outre un dosage subtil d’excitants et de substances apaisantes, des plages de repos à intervalle régulier.


Diego Vecchio


Je suis né à Buenos Aires.
Enfant, j’ai eu la rougeole, la scarlatine et les oreillons.
À l’école, j’attrapais des poux.
À huit ans, victime d’angines et de rhumes, on m’a extirpé amygdales et adénoïdes.
Adolescent, en sport, je me suis cassé l’humérus.
Sans m’en apercevoir, je suis devenu myope et astigmate.
Je suis arrivé à Paris en 1992 et j’ai attrapé des maladies que je n’aurais jamais eues en Argentine, comme la fièvre de Malte. (Resté en Argentine, j’aurais contracté des maladies inconnues des Français).
A trente trois ans, j’ai commencé à écrire un livre, Microbes.
L’hypocondrie est une des formes les plus puissantes de l’imagination.

Pierre Favory


Ma nouvelle, Neuf et sept font seize, est un texte qui a été conçu pour être exposé accompagné de deux photographies dont l’une me représentait en homme du XIX ème siècle, la voici. Cette manière de faire mon portrait, quelque peu masquée, pourrait aussi s’appliquer à mon souhait d’écrire avec une certaine retenue, de sous -écrire, afin que le texte se découvre plutôt qu’il ne s’impose.


Luc-Michel Fouassier


C'est moi. Ou plutôt, c'est cinq fois moi devrais-je dire. Les grandes étapes de ma vie.

En barboteuse, rose parce qu'en principe je devais m'appeler Isabelle.

Avec mes petites lunettes. Ô temps béni du cours préparatoire où il m'arrivait de les oublier pour venir en classe. Risquerait pas de se produire maintenant.

Mon adolescence rebelle. No future et les garçons bouchers en bande originale. Enfin, rebelle mais pas trop, juste le week-end.

Le temps adulte, de grandes enjambées, pour fuir ou pour avancer le plus loin possible ? On dirait un peu monsieur Hulot, vous trouvez pas ? Moi, je l'aime bien monsieur Hulot. Sauf que quand il allait quelque part, ça devait tout de même puer un peu la pipe, non ?

Enfin, avant de tomber dans le trou, l'espoir de tout balancer et de partir en vieux loup de mer sur un bateau à voile, loin, longtemps. Tiens, je fume encore la pipe ! Faudrait que je m'arrête avant de commencer. Et que je raconte tout ça dans des histoires...


Alban Lecuyer


Ce n’est pas chez moi et pourtant je suis là, allongé sur le canapé avec mon appareil. Puisque rien de tout cela n’est réel, j’ai pris la liberté d’incruster dans l’image des bouts de moi, de gens, tous ceux qui me composent. Ainsi celui qui prend la pose me ressemble, je pourrais être lui, je le suis parfois. William Klein disait à un inconnu dans la rue : «En te regardant je me vois». J’ajoute : «En me regardant je vois souvent un autre.»

Le reste du temps je suis photographe pour des quotidiens et des revues indépendantes (j’observe mes contemporains) ou je donne un cours sur l’histoire de la photographie (ce sont alors les étudiants qui me dévisagent).


Sophie Spandonis ( II )



écriture(s) et photographie
eau / temps / transformation
suspens ou déséquilibre relatif
réalisée sans trucage
http://www.sophiespandonis.com/


( I )

Février 2006

Sophie Spandonis est née à Paris XIe et vit à Paris XIe, ce qui la destinait sans doute à écrire pour une revue baptisée Rue Saint-Ambroise. Si un jour elle tombe sur une galerie dénommée Rue de la Roquette ou Avenue Ledru-Rollin, elle exposera peut-être quelques photographies. Et si d’aventure, au hasard de ses promenades, elle découvre une salle de spectacle répondant au nom de Boulevard Richard-Lenoir ou de Place Léon Blum, elle osera peut-être quelque performance dansée. Plusieurs fois par an, elle franchit le périphérique pour se rendre à l’aéroport et s’oblige à gagner des destinations lointaines, plein est ou plein ouest, parfois au sud, jamais au nord, pour éprouver le plaisir de redécouvrir ensuite le XIe d’un œil neuf. On peut parler d’un cas assez rare de onziémite aiguë. Le virus ne se transmet pas par le web.

23.11.08

Frédérique Trigodet


Pose pour rire avec un verre et des livres au premier plan.
Noir pour le côté sombre. Le reste pour le côté épicurien, malgré tout.

28.8.08

Léna Ellka

Écrit des nouvelles pour adultes et des histoires pour enfants.
Pourquoi ? Possibilité de déborder de la réalité sans que personne n'y trouve rien à redire.
Aime observer les humains pour imaginer leurs vies, et d'autres vies aussi.
Quoi d'autre ? Aime la typographie, les mots, les accents et les dictionnaires.
Et puis ?
Se perd beaucoup, partout.
Autre chose ?
Non, rien. Ou plutôt si, allez voir sur http://lenaellka.hautetfort.com/

9.7.08

Lionel Bénard

Jeune papa, la trentaine, auteur depuis dans une douzaine d'année, mais avec des textes publiés depuis peu.
Président d'une association littéraire, Catharsis, depuis un peu moins encore.
Et arrivé toute récente dans Rue St Ambroise.




8.7.08

Iris Baty

J’ai bien failli me la faire ôter. J’ai depuis toujours cette excroissance dans mon cuir chevelu qui sous les doigts me répugne. Qui chez le coiffeur se prend sans cesse dans le peigne.

J’avais peur de cette protubérance. J’en avais honte. A chaque fois que S. me passait la main dans les cheveux, je m’immobilisais, j’attendais qu’il ait fini son inspection et passe à une autre partie de mon corps.

Un jour, la main s’arrêta inquiète, les doigts commencèrent à palper cette partie de mon anatomie. Je devinais la cause de leur tâtonnement interrogatif. La voix accompagna le geste. « Qu’est-ce que c’est ? » Je répondis, mal assurée : « Je ne sais pas… » S. éclata de rire : « Mais c’est ton cerveau ! » Je devins cramoisie. S. continua d’un ton docte : « Tu sais après Hiroshima… » Ca y est, on touchait le fond. « Eh bien certains enfants dont les parents avaient été irradiés ont eu leur cerveau qui se développait à l’extérieur de leur crâne. J’ai vu des photos. Ca me fait penser à ça ton truc. » Sur le moment, j’ai trouvé cette plaisanterie de mauvais goût.

Je fus totalement rassurée sur les sentiments de S. lorsqu’il m’avoua : « Tu sais que je suis tombé amoureux de toi le jour où j’ai touché ton cerveau. » Depuis, lorsqu’il a la main dans mes cheveux, je lui demande s’il peut me le caresser. Et comme il tâtonne, je rouspète : « Oh, ne fais pas semblant de ne pas le trouver ! » Il s’exclame taquin : « Il est tellement petit ! »

Quel hasard que ce morceau de moi plaise à quelqu’un ! Qu’il ait un sens. Une raison d’être. Une place. Maintenant, pour rien au monde je ne le ferais ôter.

Julien Thèves

aime la mer / les voyages / le garçon de Tenerife / la pluie à Paris / MacBook Pro / le théâtre et la radio...

7.7.08

Dominique Raze

Je ne suis qu'une éternueuse de mots... D'abord un infime picotement. Une pause. Puis une montée, inqualifiable, irrépressible, et je les expulse tout autant qu'ils sortent de moi.
Assurément, je préférerais dire que je les pleure. Je mentirais, mais ça serait bien plus joli. Bien plus pratique aussi.
Parce que les pleurs, ça peut s'arracher, se provoquer ; tandis que les éternuements ne sont pas si fréquents.
Parce que les pleurs, ça peut se retenir, se ravaler ; tandis qu'un éternuement, ça sort n'importe quand, n'importe où. Au milieu d'un dîner, d'un lit, d'une "rue". Encore que dans ce dernier cas, je crois n'être pas si mal tombée...